La souffrance psychique

La souffrance psychique, qu'elle prenne la forme de la dépression, de l'angoisse, de comportements phobiques ou addictifs, est toujours particulière au sujet qui l'éprouve. Cela signifie que chacun a sa propre manière de vivre sa douleur dépressive (ce peut être par la tristesse et les larmes, le repli, le mutisme, mais aussi la colère et la violence), ses moments d'angoisse, son aliénation à une substance psychotrope ou à une activité...
Il n'y a pas d'interprétation du symptôme qui en donnerait le sens universel, valable pour quiconque.
Les sujets humains sont des individus singuliers. Certes, le psychisme humain a ses lois, ses processus, qui sont communs à tous, et dont le psychologue clinicien a acquis la connaissance, mais, chacun, du fait de son histoire personnelle singulière, au fil de laquelle il s'est progressivement construit, a sa propre manière de vivre ses symptômes, son propre rapport à sa souffrance psychique.
Cette singularité est ce à quoi le psychologue clinicien se rend attentif.
Il sait qu'un sujet vit ce qu'il vit comme il le vit du fait de l'histoire singulière qui est la sienne.

Comment Untel peut-il être déprimé alors qu'il a tout pour être heureux ? entend-on trop souvent. Il est bien entouré, sa situation professionnelle et sociale est enviable, de quoi se plaint-il?!
C'est que tout ne s'explique pas par le présent. Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui, pour un individu, « tous les signaux sont au vert » que d'autres facteurs ne jettent pas leur ombre ou ne pèsent pas leur poids de souffrance sur sa vie.
Qu'il tourne la page, aille de l'avant, regarde vers l'avenir ! entend-on encore.
Mais, qu'on le veuille ou non, nous ne nous réduisons pas à notre présent. Notre identité s'est construite au fil du temps par la lente intégration de chacune de nos expériences, heureuses ou non. Nous sommes tout ce que nous avons vécu, et à chaque moment de vie, c'est tout notre passé, fardeaux et richesses, qui se penche sur notre présent.

Le psychologue clinicien est à l'écoute de la subjectivité humaine, il sait que ses états présents ne résultent pas uniquement du contexte dans lequel elle est actuellement plongée, que, par exemple, une situation conflictuelle avec un proche, une difficulté professionnelle, une rupture amoureuse, un deuil, peuvent réveiller des blessures anciennes et faire écho, entrer en résonance avec des points de
sensibilité personnels particuliers.
C'est en nous appropriant, par la connaissance, toute cette dimension inconsciente de notre vie psychique, que nous pouvons parvenir, non certes à en supprimer totalement la contrainte, mais à en atténuer le poids sur notre présent.