Les relations toxiques

Pourquoi nous est-il parfois difficile de nous éloigner de certaines personnes, qui pourtant nous semblent déstabilisantes, voire sources de doutes ou de souffrances plus profonds ? 

En famille, au travail, en amitié ou en amour, nous nouons parfois des liens paradoxaux, qui nous font souffrir mais auxquels nous ne parvenons pas à renoncer.

Sur quels obscurs points de vulnérabilité ces relations viennent-elles s'établir ? Quels ressorts secrets font-elles jouer ?

 

Personnalités narcissiques, Perversion narcissique

Le concept de perversion narcissique a été élaboré par P-C Racamier entre 1986 et 1992 (Le génie des origines, quatrième partie, est la référence sur cette question, et la source principale de cet article).

La perversion narcissique est une perversion, non pas sexuelle, mais morale. Elle présente cependant cette caractéristique de toutes les perversions que l'autre n'y est pas reconnu comme sujet, partenaire ou interlocuteur d'égal à égal, mais comme objet à manipuler, à utiliser.
Cette notion de perversion narcissique a connu ces dernières années un certain succès médiatique, si bien qu'il est facile de trouver, un peu partout, dans la presse comme dans les ouvrages de vulgarisation, ou encore sur internet, des « portraits robot » du pervers narcissique.
Celui-ci consultant fort rarement un psychologue, et, le cas échéant, à des fins rarement thérapeutiques (la perversion narcissique, bien qu'inégalement et diversement « aboutie », est particulièrement tenace, peu mobile), on s'intéressera ici surtout aux effets qu'il produit sur sa victime, laquelle, au contraire, est bien souvent contrainte de demander de l'aide.

La perversion narcissique désigne une certaine forme d'organisation de la personnalité, reposant sur l'éviction des conflits intérieurs (ce afin de s'éviter le travail psychique que ceux-ci imposent), et leur  transmission à autrui, chargé d'en payer la note.
Racamier met en avant les deux visées essentielles du pervers narcissique : l'expulsion hors de soi de douleurs et de conflits déniés et rejetés ; et l'augmentation de la valeur narcissique propre au détriment de l'autre.

Dans l'organisation névrotico-normale de la personnalité, le sentiment de culpabilité et l'angoisse sont les principaux effets du conflit psychique, si bien que le travail psychique d'élaboration de ces conflits est inséparable de la gestion et de l'élaboration de l'angoisse et de la culpabilité.
Le pervers narcissique, lui, s'évitant les conflits intérieurs et les expulsant en autrui, délègue aussi à autrui la gestion de l'angoisse et la culpabilité qui les accompagnent.

Sa proie, incapable de se dégager de ces affects et de faire le départ entre ce qui lui appartient en propre et ce qui lui est transmis, est en état de confusion intérieure, de sidération. Elle ne peut plus penser.

D'où la forte angoisse ressentie au contact du pervers narcissique, et sa propension à la culpabilité (le pervers narcissique choisit d'ailleurs ses proies notamment pour leur vulnérabilité à la culpabilisation).
Ces deux éprouvés, angoisse et culpabilité, pourraient d'ailleurs constituer des signaux devant alerter ou tout au moins interroger quiconque les éprouve de manière insistante au contact d'une personne particulière.

Le pervers narcissique n'a pas véritablement conscience du caractère pervers de ses conduites : ainsi pourra-t-il faire mal, blesser, embarrasser, humilier, ce qui compte avant tout à ses yeux est de n'héberger en soi-même que peu de souffrance personnelle, à l'extrême et si possible, pas du tout.
Sa conscience est principalement occupée des actions qu'il organise (en font partie les paroles qu'il prononce pour les effets utiles qu'elles induisent chez autrui), mais les valeurs de la conscience morale commune ne sont pas pour lui des repères ou des limites.

Ce dernier point est particulièrement important pour comprendre comment et pourquoi la victime est si démunie, si désorientée, s'épuisant vainement à trouver un sens au comportement si étrange du pervers narcissique.

 

Les personnalités narcissiques dans la littérature

Tout ce que j'aimais de Siri Hustvedt

Un garçon parfait de Alain-Claude Sulzer

Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier